La plus grande rencontre des pays et des experts dans la production et la transformation du coton s’est tenue cette année du 7 au 11 septembre à Cape Town en Afrique du Sud.
Cette année le Comité Consultatif International sur le Coton (CCiC) était à sa 68ème réunion plénière et moi j’étais à ma deuxième participation après avoir pris part à la 67ème qui s’est déroulée à Ouagadougou au Burkina Faso.
La plus grande rencontre des pays et des experts dans la production et la transformation du coton s’est tenue cette année du 7 au 11 septembre à Cape Town en Afrique du Sud.
Cette année le Comité Consultatif International sur le Coton (CCiC) était à sa 68ème réunion plénière et moi j’étais à ma deuxième participation après avoir pris part à la 67ème qui s’est déroulée à Ouagadougou au Burkina Faso.
La 68ème rencontre avait pour thème « le rà´le du coton dans le développement économique et la garantie de la sécurité alimentaire dans une période de crise économique globale ».
Les problèmes soulevés à travers ce thème ont été sérieusement débattus durant la rencontre.
Nous africains, particulièrement les burkinabè, nous sommes trouvés en plein accord avec le sujet. Nous considérons le coton comme la locomotive du développement.
Nous avons depuis longtemps fait le lien entre le coton et de la sécurité alimentaire car près de 80% des céréales produit dans notre pays viennent des zones cotonnières. Il en est de màªme dans les autres pays de la sous région membres de l’Association des Producteurs de Coton Africains.
La technique de production du coton est appliquée aux céréales, le matériel agricole acquis grà¢ce au coton est aussi utilisé pour les céréales.
Au-delà de ce lien, le coton contribue de part sa nature à la sécurité alimentaire. Son huile est utilisée dans l’alimentation humaine, ses tourteaux dans l’alimentation des animaux d’élevage. L’homme tire les principaux nutriments nécessaires à sa vie et à son développement de ces animaux. Ils lui donnent le lait et la viande dont il a besoin.
Cette chaàîne était bien perçue par les représentants des pays qui en ont longuement débattu.
Et moi je vais plus loin. Finalement, je trouve un lien entre les revenus, perçus grà¢ce au coton et la sécurité alimentaire. Le revenu (en termes de gain pour le producteur, de salaire pour le technicien) permet d’assurer l’alimentation de celui qui le reçoit.
D’ailleurs, en Europe, le producteur de blé produit son blé, le vend et va acheter son pain ; il ne le fabrique pas forcément!
Au Cap, comme il a été le cas à Ouagadougou, j’ai été impressionné par la qualité des participants. Ce sont de vrais connaisseurs du coton. Tout leurs propos avaient du sens.
La plus belle preuve a été la communication donnée par un chercheur indien.
Ses travaux portent sur le contrà´le des pesticides et sur le contrà´le de la teneur du bt dans la semence du coton.
Sa communication a été très utile pour tous les participants et il était évident qu’il faut àªtre du monde du coton, croire à la filière pour faire ces recherches. Ces conclusions montrent que tout le monde peut utiliser ces résultats.
Il est parti d’un problème de développement crucial dans son pays, l’Inde. Le marché des pesticides y est épars et confus, ils ont voulu vendre les OGM de la màªme manière et cela a posé des problèmes car la certification et la qualité des semences ne pouvait plus àªtre garantie. Cet homme a trouvé un produit pour contrà´ler cela.
Il était à féliciter et il l’a été puisqu’il a reçu une décoration du CCIC.
Le pays hà´te de la conférence, l’Afrique du Sud, est le premier en Afrique dans l’utilisation du gène bt. Leur expérience montre bien qu’ils ont la capacité pour accueillir une rencontre telle que celle du CCIC.
Toujours sur le sujet des OGM qui comme à toutes les rencontres a fait l’objet de débats intéressants, il ressort que pas moins de 52% du coton produit est GM et aucune différence n’est appliquée lors de la commercialisation de la fibre. Son huile, les aliments pour le bétail sont correctement consommés. Les Etats-Unis, l’Argentine, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’ont démontré.
Dans les échanges, un américain a dit « la technique du Coton Génétiquement Modifié a été créée par des génies, le problème est que ceux qui ne sont pas des génies n’arrivent pas à comprendre » sans oublier qu’il y a des luttes d’intéràªts, j’ajouterai.
Le chercheur indien a aussi travaillé sur tous ce qui est résistance ; il trouve que ce sont des difficultés qui peuvent àªtre gérées car il existe toute une méthode là -dessus.
Pour lui, il n’y a pas à s’affoler ; autant il peut exister des résistances dans les pesticides ou les OGM, autant se trouve la potentialité pour les contrer donc il n’y a vraiment pas de crainte à avoir selon ce chercheur. , on peut travailler à les lever.
Il a màªme commencé à travailler sur un gène qui résiste à la sècheresse ; la réflexion doit se poursuivre avec les autres chercheurs.
Je trouve qu’il mérite sa décoration car il maàîtrise tous les domaines du coton.
Ce chercheur indien a proposé la création de liens entre tous les chercheurs, ceci afin d’aboutir à la création d’une recherche internationale sur le coton. La combinaison de savoirs pourrait aboutir à la création d’une semence qui s’adapte à toutes les conditions climatiques, elle serait trouvée par tous les chercheurs au cours de leur collaboration et acceptée par eux.
Et pour ce faire, moi en tant que Président de AProCA et l’UNPC B, j’ai toujours prà´né le soutien à la recherche et encouragé le rassemblement des chercheurs africains dans des instances régionales comme le PR €“ PICA et d’autres.
Je vois mal l’installation de structures d’une telle taille sans avoir au préalable des structures régionales dans tous les grands espaces de production cotonnière. Le PR €“PICA existe dans la zone UEMOA, je souhaite un autre regroupement de chercheurs dans une autre zone afin que plus tard ils puissent fusionner.
Dans ces interventions, le chercheur indien a démontré que ma position sur la question du financement de la recherche est vraie. J’ai souvent dis que nos Etat doivent investir dans la recherche. La recherche est capitale pour le développement.
Une chose est d’accepter la technique, une autre est d’avoir la capacité de la mettre en œuvre. Je pense que le débat, dans nos pays devait àªtre à ce niveau au lieu de la remise en cause des acquis. Les chercheurs le font si bien qu’ils arrivent que certains se livrent à la contradiction pour les intéràªts du ventre.
Le coton biologique
La question du coton biologique a aussi été traitée. Ces promoteurs disent qu’il y a de bons espoirs et affirment qu’il faut le produire et chercher le marché.
Des gens leur ont demandé si le coton biotechnologique ne pourrait àªtre considéré comme du biologique. La réponse a été que cela peut àªtre réfléchi mais ne peut àªtre adoptée pour le moment.
Moi, je suis Président de l’UNPC B, j’ai incité les petits producteurs à cultiver du coton biologique alors je ne pouvais pas écouter la présentation avec gaàîté de cœur.
En effet, le prix du coton conventionnel comme celui du coton bt seront finalement liées au cours du marché. Màªme si le prix du coton conventionnel n’est pas satisfaisant, la production du producteur de coton conventionnel est acheté, l’argent est lui est versé màªme si c’est avec des retards.
Le coton biologique est vendu suivant les sentiments du consommateur. Lorsque celui-ci n’est pas content, il ne le consomme pas.
Au début de la campagne agricole, nous avons cherché l’argent ailleurs pour verser aux producteurs de coton bio, le prix de leur production de la campagne de l’année 2008/2009 et cela, pendant que de bonnes quantités de coton bio 2008/2009 certifiée sont toujours stockées, ne sont pas achetés.
Et si ce stock n’est pas acheté avant la période des récoltes, la prochaine production viendra s’ajuter à l’ancienne récolte.
Moi qui suis le président, je voudrais que les économistes essaient d’àªtre à ma place ; diront ils d’encourager mes producteurs à produire davantage de coton bio ?
Certains participants ont dit que ceux qui prà´nent le bio ne respectent pas leurs engagements. Certaines ONG, des organismes de certification vivent bien du coton biologique en faisant sa promotion. Des intervenants ont aussi prà´né que les certificateurs soient issues des pays produisent qui le coton bio.
Nous burkinabè, avons des problèmes pour écouler 500 tonnes déjà produits.
Certains négociants nous disent que le coton biologique indien est moins cher que le coton bio africain, alors, c’est le producteur qui risque de payer les pots cassés.
Beaucoup de partenaires s’engagent à soutenir la production bio mais il n’y a personne de sur (qui vient vers nous avec des contrats fermes) pour payer la production.
Au Burkina Faso, seule le consortium américano-asiatique avec au devant Victoria’s Secret qui s’est engagé à payer 600 tonnes de coton bio chaque année. C’est le type d’engagement que nous voulons !
Nous ne voulons pas de bruit sans graine. On veut du résultat !
Ce qui se passe actuellement dans le coton bio selon un participant est grave: Quelqu’un produit, ne vend pas et continu de produire. Ni ce producteur ni les agents d’encadrement ne peuvent avoir la garantie de continuer à vivre de leurs métiers et, il est possible d’avoir un suicide un jour. Je ne pense pas que l’on puisse faire le développement avec ça!
Accepter que le coton bio équitable soit cultivé par une minorité de petits producteurs n’est peut àªtre pas mauvais, mais il faut autant que ce soit acheté.
Comme je l’ai dis plus haut, chez nous, l’UNPC B a pu payer ses petits producteurs car c’est elle, leur faàîtière, qu’ils considèrent comme responsable, pas ceux qui promeuvent la culture du bio.
Et combien d’organisations paysannes peuvent faire face à ces imprévus ? Cela montre bien que ce n’est pas le coton bio qui a mis l’organisation en place au Burkina. Le programme coton bio, ses débuts se sont faits dans cette organisation déjà bien structurée. Notre slogan étant depuis notre création : la Responsabilisation la Professionnalisation et l’Autonomisation
En tout cas, je pense que le développement de l’Afrique se trouve dans la production et l’augmentation de cette production.
Le développement de l’Europe a été marqué par la production et la surproduction dont le surplus est vendu chez nous. Le reste de leur production vendu en Afrique n’est pas bio mais conventionnel.
Si tous les producteurs africains venaient à se convertir au bio, nous allons demeurer un marché pour ceux qui font de la surproduction.
Chez nous, de petits producteurs et des femmes ont pu au début du programme améliorer leurs conditions de vie grà¢ce au bio mais, il faut limiter la promotion à ce type de groupe car ce mode de culture ne peut remplacer la grande production. Dans le monde, nul ne l’a fait, alors pourquoi le ferons-nous ?
Etant Président de AProCA, je pense qu’il existe des pays qui s’adaptent à la culture bio, si les principes de la production bio sont vrais : Les producteurs de ces pays ne sont plus encadrés, ils ne reçoivent plus d’intrants.
Je peux citer, la Gambie, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, la Centrafrique, une partie de la Cà´te d’Ivoire, leurs producteurs n’ont plus d’encadrement ni d’intrants mais les promoteurs du bio ne vont pas vers ces contrées qui sont naturellement déjà bios.
Aux derniers jours de la rencontre, le secrétariat du CCIC nous a communiqué un bilan de la production et du marché qui donne à espérer. Il ressort que la production et la demande se valent, ainsi il y a une possible remontée des cours du marché.
Je remercie les responsables du CCIC et tous qui ont contribué et animé réellement ces débats aux thèmes intéressants sur le coton.
Bobo-Dioulasso, le 18 septembre 2009
TRAORE B. François
Dr Honoris Causa
Président de l’AProCA
Président de l’UNPC B