Les sociétés SHB et Fludor Bénin spécialisées dans la fabrication d’huile végétale du Bénin risquent de disparaàître dans les jours à venir si, le gouvernement du Changement ne prend pas les mesures hardies. Et pour cause, l’exportation des graines de coton entreprise par la Sodeco. Le navire Western est depuis quelques jours au quai du Port autonome de Cotonou pour charger quelques 10.000 tonnes de coton graines afin d’àªtre exportées vers l’Europe à destination du port de Ravenne, en Italie.
Les sociétés SHB et Fludor Bénin spécialisées dans la fabrication d’huile végétale du Bénin risquent de disparaàître dans les jours à venir si, le gouvernement du Changement ne prend pas les mesures hardies. Et pour cause, l’exportation des graines de coton entreprise par la Sodeco. Le navire Western est depuis quelques jours au quai du Port autonome de Cotonou pour charger quelques 10.000 tonnes de coton graines afin d’àªtre exportées vers l’Europe à destination du port de Ravenne, en Italie.
Plusieurs camions sont entrain de faire la navette entre les usines d’égrenage de la Sodeco et le port autonome de Cotonou. Selon certaines indiscrétions, le navire Western quitte Cotonou vendredi prochain. Cette volonté de la SODECO d’exporter 10.000 tonnes de graines est d’autant plus stupéfiante qu’il est de tradition républicaine et patriotique depuis 2001 de satisfaire d’abord pleinement l’industrie locale avant d’exporter les graines de coton. En 2001, sous la signature du président de la République Mathieu Kérékou et celles du ministre d’Etat, chargé du Plan, du Développement et de la Promotion de l’Emploi Bruno Amoussou de ses collègues des Finances et de l’économie Abdoulaye Bio Tchané, du commerce Séverin Adjovi, du développement rural Théophile Nata de l’industrie John Igue le gouvernement béninois a, par Décret N° 2001-144 du 4 avril, formellement suspendue pour une durée d’un an, l’exportation des graines de coton. Il est évident que, pour ne pas cesser définitivement son activité industrielle déjà largement déficitaire (5 années de déficit sur 9 années d’exploitation avec une perte particulièrement importante en 2009), FLUDOR BENIN a plus que jamais besoin cette année d’un approvisionnement maximum en graines de coton, avant que la SODECO ou un autre égreneur puisse envisager une exportation de cette matière première, sans création de richesse, ni sauvegarde de l’emploi. Le contraire irait à l’encontre des efforts déployés par Boni YAYI et son gouvernement pour industrialiser le pays et faire du Bénin, une nation émergente. Volonté de relance de l’agriculture qui se traduit par l’achat de tracteurs et autres. Discours encourageant pour attirer de nouvelles industries agroalimentaires de transformation de nos matières premières, discours galvanisant auprès des populations pour qu’elles travaillent dures avec promesse d’un avenir meilleur. Il convient de noter que la filière coton a bénéficié d’une subvention de 11 milliards qui ne profite qu’au monopole privé. Les courtiers européens avec qui les triturateurs sont en contact au quotidien indiquent que le prix maximum auquel ils peuvent vendre la graine sur ce marché est de 230 euros la tonne (150.880 FCFA) ce qui correspond, déduction faite des différents frais (manutention usine Bénin, transport terrestre Bénin, mise à FOB, embarquement, formalités diverses, transport maritime, débarquement, contrà´les qualité, etc.) à un prix départ usine d’égrenage au Bénin de 70.000 FCFA alors que l’offre de FLUDOR BENIN, en prix moyen selon la position des usines d’égrenage, est de 75.254 FCFA. Les conditions de paiement FLUDOR sont également bien plus avantageuses pour la SODECO avec, à la signature du contrat de vente, une avance de 40% sur le montant total des livraisons prévues et un solde au fur et à mesure de celles-ci.A l’export, dans le meilleur des cas, le paiement par lettre de crédit intervient après l’arrivée de la cargaison à destination (deux à trois semaines de mer, parfois quatre avec les attentes en rade) et après avoir subit avec succès les contrà´les phytosanitaires réglementaires au sein de l’Union Européenne. Aujourd’hui la filière présente toujours une tendance baissière avec, pour la campagne 2009/2010, une production de 84.000 tonnes de graines de coton seulement alors que le besoin des usines de trituration béninoises est de 210.000 tonnes.
Des conséquences désastreuses Comment comprendre maintenant cette volonté subite d’exportation avant la livraison aux huileries alors que le Président de la République et le gouvernement béninois déploient beaucoup d’efforts pour industrialiser le pays dans le domaine agricole notamment et faire du Bénin, une nation émergente. Il convient aussi d’apprécier et de prendre en compte que la filière coton a bénéficié en 2009, d’une subvention de 11 milliards qui ne profite qu’au monopole privé . Or, un monopole màªme privé doit àªtre encadré et régulé. Dès lors qu’il a bénéficié d’une subvention, il est sorti du système libéral. Faute d’encadrement et de régulation après la mise en place de la subvention pour une production de 180.000 tonnes seulement, ce monopole achète le coton à 190 FCFA au lieu de payer (subvention oblige) 60 FCFA de plus aux producteurs, soit 250 FCFA. Alors que l’Etat vient de dépenser 11 milliards de FCFA sur les intrants pour soutenir le secteur cotonnier béninois, il est révoltant de constater que la SODECO est indifférente à la disparition des deux unités industrielles encore debout. Leurs fermetures feraient de la région Centre du Bénin (Département du Zou), un désert industriel dans les mois qui viennent avec, entre autres, les conséquences prévisibles une baisse du PIB. Or, on sait que le budget de l’Etat est confronté à de sérieuses difficultés à cause du mécontentement accru des Partenaires Techniques et Financiers qui participent au budget de l’Etat. De plus, 900 travailleurs vont perdre un emploi permanent. Le pays deviendra directement dépendant de l’huile importée dont le prix incontrà´lable pèsera sur le panier de la ménagère. Environ 12.000 personnes (enfants et parents à charge des employés de FLUDOR BENIN et de SHB, directement ou indirectement) perdront l’accès au service médical en dépit des nombreux efforts du gouvernement dans le domaine de la santé. Environ 10.000 écoliers et étudiants cesseront d’aller à l’école au détriment de l’émergence du pays, malgré les moyens financiers importants engagés par le gouvernement pour la construction de classes nouvelles et la débauche d’énergie en faveur de la scolarisation et du renforcement des programmes d’études.
Journal 24 HEURES AU BENIN 03/02/10