Forum national de relecture et de réorientation du Plan d’Action sur les Céréales

Le Ministère de l’Agriculture a organisé les 22 et 23 décembre à  Ouagadougou, un forum national de relecture et de réorientation du Plan d’Action sur les Céréales.
Cette rencontre de concertation sur les visions et les actions de réorientations du plan d’action céréale a regroupé les acteurs et techniciens des ministères et de la société civile.
Je ne prétends pas faire le rapport du forum mais, je me sens moralement obligé de faire conna&agraveître les impressions que m’a laissées cette importante rencontre.

Il faut instaurer une discipline dans nos filières

La pénurie des produits alimentaires et la vie chère pendant l’hivernage dernier a conduit les autorités et la société civile à  se rendre compte qu’il faut développer une approche de partage et à  revoir les objectifs de l’agriculture et de la production céréalière.
L’Etat a compris que sans l’organisation des acteurs il n’y aura jamais de développement ; il n’y aura que des vies chères.
Cette prise de conscience peut faciliter l’approvisionnement et la commercialisation.
Si l’on veut que la filière céréalière se développe, je pense qu’il est nécessaire de faire un recensement des acteurs qui ont la capacité et la motivation d’àªtre des modèles dans la production céréalière. Il faudra ensuite œuvrer à  les réunir dans des filières o๠une discipline stricte sera appliquée. Grà¢ce à  cette discipline, les producteurs, quelque soit le niveau ou ils se trouvent seront informés et leurs activités seront plus visibles aux yeux de l’Etat et de la société.
Notre principale faiblesse se trouve dans notre organisation et le peu de rigueur. On a attendu trop longtemps que la discipline vienne d’elle màªme.
Je pense qu’il est temps qu’on l’influence car beaucoup d’axes de développement dépendent de l’application de règles strictes et on a plus le temps d’attendre.
La discipline est très importante car à  travers elle, on peut devenir une force dans le processus de développement.

Produire crée un lien entre les acteurs et les chercheurs ; entre les acteurs et les transformateurs ; entre les acteurs et les consommateurs. Depuis plusieurs années, je dis qu’on ne pourra jamais se développer tant que l’on continuera à  produire sans pouvoir bien vendre.
Lorsqu’il y a pénurie de céréales, tout le monde va vers le producteur qui lui aussi n’en a pas assez. Il arrive que le producteur vende à  perte et màªme à  son détriment. Il peut vendre ses céréales jusqu’à  ne plus en avoir pour son alimentation.
Mais, lorsqu’il y a eu beaucoup de production, l’agriculteur est laissé avec sa récolte dans les bras et toutes les difficultés retombent sur lui parce qu’il a beaucoup produit. En ce moment, il vend aussi à  perte ; ce qui ne lui permet pas de continuer à  àªtre productif.
En plus, le profond enclavement de nos terroirs contribue à  près de la moitié des difficultés que les filières subissent. Généralement, ce sont les endroits fertiles qui sont inaccessibles alors que c’est à  ces endroits là  que se trouvent d’importantes récoltes des campagnes agricoles. Mais, ce sont des produits qui ne profitent ni aux producteurs, ni aux consommateurs.
Les transporteurs qui se rendent dans ces localités inaccessibles doivent trouver des moyens pour maintenir leur activité. Ainsi, lorsque leurs véhicules se cassent quand ils se rendent dans ces endroits, les producteurs payent la panne : les transporteurs €“ commerçants réduisent le prix d’achat des céréales aux producteurs.
Au marché, toutes les pièces cassées lors du voyage retour sont payées par le consommateur car ces coûts sont comptabilisés dans le prix de vente.
Ce sont ces coûts supplémentaires qui me font dire que le désenclavement est nécessaire.
On a vu les résultats positifs que le développement des télécommunications a donnés dans les milieux inaccessibles.
Le développement du réseau routier pourrait produire des résultats dix fois plus importants.
Je suis convaincu que le Burkina Faso, en mettant une vraie politique agricole et commerciale en place peut devenir une puissance agricole surtout que les traditions alimentaires dans notre région sont encore un peu préservées. Nous avons gardé des habitudes de consommation des céréales locales.
Ces habitudes pourraient àªtre changées s’il n’y a pas un développement du secteur de la transformation ; et cela va àªtre très grave pour notre économie.
La résolution du problème foncier fait partie des axes que le Burkina Faso a bien entamé.
J’ai beaucoup d’espoirs par rapport à  cette dynamique de recadrage de la politique agricole de notre pays.
A mon avis, rien ne doit plus trainer car chaque retard coûte cher. N’oublions pas que nous sommes dans une mondialisation o๠les uns aiment profiter des retards et des erreurs des autres.
Plus tu te fais plaisir en croyant que tu fais de bonnes choses, plus ils sont contents et t’encourage dans cette voie.
Heureusement que nous savons aussi que cette màªme mondialisation n’empàªche pas d’aller plus vite avec des plans concrets pour accélérer l’atteinte de résultats positifs.

Bobo Dioulasso, le 24 décembre 2008.

François TRAORE

Docteur Honoris Causa

Président de AProCA

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