Le projet OMC sur le coton n’aiderait guère l’Afrique

La réduction des subventions au coton proposée dans le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce n’offre guère d’espoir aux pays africains parce qu’elle ne tient pas compte d’autres aides qui faussent la concurrence, a estimé mercredi 15 juillet un économiste burkinabé.

Abdoulaye Zonon, du Centre d’Analyse des Politiques Economiques et Sociales (Capes), a déclaré à  Reuters que les subventions au coton déclarées à  l’OMC par les Etats-Unis – et sur lesquelles sont calculées les réductions – ne constituaient en fait qu’une fraction des versements.

Les membres de l’OMC sont convenus de donner au coton un traitement spécial dans leurs négociations sur la libéralisation du commerce mondial menées dans le cadre du cycle de Doha. Les moyens de subsistance de 10 millions de personnes en Afrique centrale et de l’Ouest sont basés sur sur la culture du coton

Les subventions des pays riches font chuter les cours mondiaux et maintiennent dans la pauvreté les producteurs d’Afrique et d’autres régions en développement.

Les ministres du Commerce de quatre pays africains producteurs de coton, le Burkina Faso, le Bénin, le Tchad et le Mali, doivent se rendre du 20 au 22 juillet à  Washington pour plaider leur cause auprès du Congrès américain. Mais il est peu probable qu’ils rencontrent le secrétaire américain au Commerce, Ron Kirk.

Un projet d’accord faisant appel à  une formule élaborée par les quatre pays producteurs de coton propose une réduction de 82 % par les Etats-Unis de leurs subventions au coton par rapport au niveau annuel moyen qu’ils ont déclaré à  l’OMC pour la période 1995-2000.

Abdoulaye Zonon a déclaré lors d’une conférence sur les négociations agricoles de Doha organisée par le Centre international pour le Commerce et le Développement durable (ICTSD) que les subventions au coton déclarées par les Etats-Unis s’élevaient en moyenne à  623 millions de dollars.

Chute des cours

La formule proposée réduirait ces subventions américaines de 510 millions de dollars pour les ramener à  113 millions de dollars, a-t-il relevé.

Mais les chiffres déclarés ne tiennent pas compte de nombreuses autres aides au coton américain dont certaines ont été jugées illégales l’an dernier par l’OMC, dans le cadre d’un jugement autorisant le Brésil à  réclamer quatre milliards de dollars d’indemnisation.

« La question est de savoir si la base pour le montant des subventions va àªtre recalculée pour refléter les conclusions de l’instance d’arbitrage de l’OMC », a souligné l’expert.

Selon lui, les subventions américaines au coton se sont élevées en moyenne à  1,74 milliard de dollars en 1995-2000 et non aux 623 millions de dollars déclarés.

David Blandford, professeur d’économie agricole à  la Pennsylvania State University, a déclaré à  la conférence de l’ICTSD qu’il y avait une grosse différence entre les subventions telles qu’elles sont comprises par les économistes et les subventions telles qu’elles sont définies par les accords de l’OMC.

De plus, les membres de l’OMC ont de nombreuses possibilités de faire glisser des subventions dans d’autres catégories pour se plier aux limites fixées par l’OMC.

« Dans le cas du coton (…) il est indubitable que certaines subventions ne sont pas comprises », a-t-il reconnu.

Il est tout aussi évident que les subventions au coton des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Chine pèsent sur les cours mondiaux.

Abdoulaye Zonon a cité neuf études selon lesquelles les cours mondiaux du coton seraient entre deux et 28 % plus élevés sans ces subventions.

La chute des cours a contribué à  réduire de moitié la production de coton du Burkina Faso qui est tombée de 750 000 tonnes en 2005 à  360 000 tonnes en 2007-2008. Le coton représente 60 % des revenus à  l’exportation de ce pays.

Les dirigeants du G8 ont dit la semaine espérer que la conclusion en 2010 du cycle de Doha et des négociateurs ont indiqué qu’une révision des propositions serait possible dans le courant de cette année.

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