Nous avons été cité dans l’édition électronique du Monde Diplomatique dans l’article référencé OJD 166853 du 01/02/2009.
Nous trouvons que ce journal est dans un milieu positif et doit avoir les bonnes informations. Dans ce sens que je me vois obligé d’écrire cet article qui j’espère va contribuer à aider les hommes de bonnes intentions à se faire leur propre opinion.
Nous avons été cité dans le numéro OJD 166853 du 01/02/2009 du monde Diplomatique Nous trouvons que ce journal est dans un milieu positif et doit avoir les bonnes informations. Dans ce sens que je me vois obligé d’écrire cet article qui j’espère va contribuer à aider les hommes de bonnes intentions à se faire leur propre opinion.
En tant que président de l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina et de l’Association de l’Interprofessionnelle du Coton du Burkina, j’ai le devoir de donner la juste information sur la place des producteurs de coton dans la filière cotonnière de mon pays.
La production de coton, mon activité depuis trente ans
Je suis dans la production du coton depuis assez longtemps. Je fais du coton depuis trente ans.
Dans mon jeune à¢ge, attiré par l’organisation du secteur coton et les revenus qu’en tiraient déjà ses cultivateurs, j’ai quitté ma zone, le département de Doubala, dans la province de la Kossi actuelle, pour m’installer dans une zone cotonnière.
A partir de 1982, j’ai été responsable d’un groupement villageois et aujourd’hui, je suis le chef d’une famille dans laquelle les enfants sont nés près des champs de coton. Ses enfants me relèvent dans la profession que j’ai le mieux pratiquée. Mes grands enfants sont aujourd’hui les principaux acteurs du fonctionnement de mes fermes.
L’agriculture, plus particulièrement la production de coton, reste le moyens qu’utilise ma famille pour vivre, elle reste aussi le moyen sur lequel nous fondons les espoirs de développement.
Ce sont là les raisons personnelles qui m’obligent à me préoccuper de toutes questions touchant l’agriculture. Ces raisons m’ont poussé à persévérer dans ma vision du métier de l’agriculture.
Une faàîtière en réponse à une situation dramatique
Pour revenir à la filière cotonnière, je rappel que nous avons vécu une situation dramatique lorsque nos plants ont été victimes attaquées par les parasites à la fin de la campagne agricole 1996 – 1997. Les parasites résistaient aux produits en cours et malheureusement, personne ne semblait avoir prévu cette résistance.
Au cours de cette campagne, nous avons interpellé les dirigeants de la société cotonnière, SOFITEX, à l’époque, et l’Etat.
Dans notre interpellation, nous avons évoqué la nécessité d’avoir une place reconnue dans la filière cotonnière. Car c’est nous qui risquions et risquons toujours de souffrir le plus si la filière venait à disparaàître. Nous nous étions dit que si cette situation venait à se produire, les ingénieurs employés par les sociétés pouvaient retrouver d’autres emplois mais les producteurs habitués aux revenus du coton allaient avoir beaucoup de difficultés à s’en passer. La reconstitution de nos exploitations, telles que le permet le coton, n’allait pas se faire avec notre génération, c’est peut àªtre la génération après nous qui allait peut àªtre la réussir.
C’est dans cet esprit que nous avons initié la création d’organisations de producteurs de Coton.
Nous avons crée le GPC pour permettre au groupe de producteurs constitués librement de s’approprier un système, la caution solidaire, par lequel ils peuvent accéder au crédit.
Ainsi jusqu’à maintenant la constitution des groupes se fait sans l’intervention de personne de l’extérieur.
Les producteurs créent ou adhèrent librement aux GPC contrairement au passé, les années 1970, 1980, o๠tous les habitants du village étaient obligés d’adhérer à l’unique groupement du village.
Cette volonté d’autonomie de décision, à travers la création du GPC, nous a conduit à la constitution de l’UNPC B en 1998.
La volonté de participer à la gestion et de défendre la filière dans laquelle se trouvent nos revenus nous a motivé à devenir actionnaire de la société cotonnière en 1999. Pour cela nous avons acheté 30% des parts de la SOFITEX à l’Etat burkinabè, qui à l’époque avait 65% d’actions dans la société cotonnière.
Par cet acte, nous sommes devenues la première organisation de producteurs de coton de la sous région à qui un Etat a accepté vendre les parts d’action qu’il possède dans une société cotonnière.
Et depuis ce temps, nous pensons que nous ne nous sommes pas trompés en adoptant notre modèle de structuration et en étant en discussion avec notre Etat.
De nos jours, la structuration de la filière coton de chez nous est prise comme exemple dans la sous région et beaucoup de pays producteurs de coton de cette partie de l’Afrique se sont organisés ou s’organisent suivant ce modèle. Les producteurs dans ces pays souhaitent tous àªtre propriétaires de leur société cotonnière soit entièrement ou en partie. On le constate au Sénégal, au Cameroun, au Mali pour ne citer que cela.
L’UNPC B a comme devise la Responsabilité l’Autonomie, la Professionnalisation.
Cette vision a convaincu des partenaires, dont plusieurs de l’Etat, à nous accompagner.
Je remercie en tout premier l’AFD qui, depuis 1998 accompagne l’UNPC B à réaliser sa vision. Ceci, à travers son soutien aux formations, à la gestion, à l’alphabétisation.
L’Union Européenne qui nous aide depuis 1998. Elle nous a appuyé à nos débuts, en payant nos premiers matériels de bureau, le matériel roulant et en assurant les salaires des premiers techniciens que la faàîtière des producteurs de coton a engagée.
Grà¢ce à l’accompagnement de l’AFD, depuis la création de l’UNPC B, et de tous les autres partenaires nous avons aujourd’hui près de deux cents salariés sur le terrain qui aujourd’hui sont payés par l’UNPC B.
L’organisation mise en place a suscité l’adhésion des producteurs et l’augmentation de la production de coton qui est passée de 116 000 tonnes jusqu’à un pic de plus de 720 000 tonnes en 2005.
La réflexion sur l’introduction des OGM, entamée suite aux attaques parasitaires
Les grandes attaques parasitaires ont amené un autre changement. La réflexion sur l’introduction du coton génétiquement modifié dans notre filière.
L’Etat à qui nous avons demandé une meilleure protection de nos plantes ne s’est pas opposé à notre requàªte. Il y a répondu en instruisant ses services de Recherche (CNRST, INERA).
L’Etat burkinabè a fait son devoir en acceptant d’accompagner les acteurs de l’agriculture dans un premier temps ; en second lieu, en le faisant tout en respectant leur ambition.
Démarche normale dans tout pays qui veut se développer.
Ainsi, dès 2003, nous avons travaillé ensemble, à savoir chercheurs, sociétés cotonnières, producteurs, hommes et femmes des médias. Ce travail a consisté en la recherche, mais aussi à des débats, à la transmission de l’information aux personnes intéressées d’en savoir davantage sur les OGM.
Nous récoltions également toute information qui pouvait nous éclairer sur les OGM.
Monsanto et Syngenta étaient les deux firmes avec lesquelles nous avons commencé les discussions sur les OGM.
Aujourd’hui nous continuons avec Monsanto.
Les tests conduits jusqu’à cette année, avec les informations reçues dans les ateliers, les conférences, les voyages d’études au USA, au Brésil, en Afrique du Sud nous ont permis de nous faire notre propre idée sur les biotechnologies.
Nous avons constaté qu’en réalité, l’avancée de tous les grands pays producteurs de coton dans le monde, la Chine, l’Inde, le Brésil, les Etats-Unis, est due en partie à l’utilisation des OGM.
Il y a des informations contradictoires sur les effets socio économique et environnementale des OGM. Ce qui est certain, c’est que les pays cités sont bien placés dans le monde du coton aujourd’hui.
La Chine s’impose par sa production et sa transformation. Les vàªtements qui sortent de ses usines traversent le monde.
De nos jours, le Burkina pourrait avancer plus encore dans la production du coton OGM. En effet, notre principal problème est l’engouement pendant des paysans lors de l’expérimentation en milieu paysan. La demande est telle que l’on se demande si la quantité de semence prévue suffira à satisfaire toutes les demandes pour la campagne à venir.
Cela veut dire qu’il y a de la place pour ceux qui ne sont pas convaincu des bienfaits des OGM.
Il ressort que le Round Up est pour Monsanto. Mais nous, nous l’avons connu avant de savoir que c’est pour Monsanto qui le fabrique. Ce produit est vendu par SCAB, la représentante au Burkina, d’une société européenne. Nous continuons à l’utiliser parce que nous pensons que c’est un bon produit.
L’UNPC B première productrice de coton biologique en Afrique de l’Ouest
L’UNPC B n’est pas hostile au coton biologique. Dans sa progression dans la professionnalisation, elle s’est intéressée au coton biologique.
Cela fait 5 ans qu’elle s’investit dans la production de ce coton sans intrant chimique.
Dans le chiffre des employés cités plus haut, une quarantaine appuient les producteurs de coton biologique qui sont en majorité des femmes et qui exploitent des parcelles de 0,75 à 1 ha.
Nous sommes depuis quelques années les plus grands producteurs de coton bio équitable, dans la sous région avec plus de 2200 tonnes de coton graine produite cette campagne.
Nous avons noué des partenariats, dont un ambitieux avec le consortium Victoria’s Secret.
Grà¢ce au groupe d’entreprises qui travaille avec Victoria’s Secret, des articles fait essentiellement de coton biologique équitable du Burkina sont vendu sous le label €˜coton burkinabè’ aux USA.
Une partie de notre coton biologique est vendue en Europe o๠plusieurs organisations à savoir Helvetas, l’Union Européenne, la Coopération suisse, Transfert, la Région Bretagne, le Wacip nous appui à développer notre Programme de Promotion du Coton Biologique.
Nous bénéficions aussi d’une convention que j’ai signée, en tant que Président de Association des Producteurs de Coton Africains avec l’AFD.
Par cette convention, l’AFD apporte son appui financier à cinq pays africains dans le développement du coton biologique et équitable.
Au niveau du coton biologique, nous sommes satisfaits de la notoriété qu’il nous donne mais le problème de marché commence à se poser surtout avec la crise financière.
Nous continuons à nous battre mais il nous ait très difficile d’écouler notre production.
Nous développons également les bonnes pratiques agricoles la FAO, un partenaire du ministère de l’Agriculture au Burkina.
Le développement du coton biologique vient prouver qu’au Burkina Faso, toute méthode de production de coton a sa place.
De fortes quantités de céréales dans les zones cotonnières
Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, l’UNPC B et ses membres sont reconnus comme de grands producteurs céréaliers.
L’augmentation de la production du coton ne s’est pas fait au détriment des céréales car au Burkina Faso, on sait qu’un grand producteur de coton est un grand producteur de céréales.
Dans les années 1980 l’AFD a soutenu un projet de motorisation de l’agriculture, projet qui était gérée par la SOFITEX. Elle possède une ferme semencière de maà¯s blanc.
La société vend chaque année les grains aux producteurs qui le veulent.
Ce maà¯s est de nos jours dans toutes les zones cotonnières au point o๠il a changé les habitudes alimentaires de plus d’un burkinabè, de la campagne comme de la ville.
L’UNPC B approvisionne ses membres qui le désirent en intrants céréales.
Elle vient d’entamer une opération de commercialisation du maà¯s pour la campagne commerciale 2008/2009. Nous savons que d’ici la fin de la campagne nous pourrons commercialiser une grande quantité de cette céréale.
L’UNPC B évolue et elle veut faire de telle sorte que sa structuration et son professionnalisme serve au développement d’autres filières comme le maà¯s.
Car elles sont rares les organisations qui arrivent à faire ce que la faàîtière des producteurs de coton est entrain de réaliser.
Actuellement, l’UNPC B a un grand projet pour lequel elle bénéficie du soutien de deux grands financiers, l’AFD et la BM.
C’est l’occasion pour nous de remercier l’Etat burkinabè et ses partenaires.
Tous les Etats doivent accompagner leurs producteurs mais cela suppose que les organisations soient de vrais entrepreneurs et parlent revenus et chiffres avec leurs Etats.
Une compétition pour le développement au lieu d’attaques stériles
Nous avons souvent été attaqués par de soi-disantes organisations comme le SYNTAP.
Notre option a été de ne pas répondre aux attaques stériles car le « ping-pong » n’est pas de notre manière d’agir. Nous avons des activités d’entreprise à gérer quotidiennement et cela nous occupe assez.
Nous ne répondons pas non plus parce que nous savons que l’Etat et ses partenaires savent faire la différence entre ceux qui crient et ceux qui travaillent.
Quand il y a un débat au sein de l’UNPC B, le sujet porte généralement sur les ventes, les revenus. Des discussions et concertations qui sont normales dans une organisation économique et sociale.
Nous allons continuer à nous rassurer que les paysans ne viennent pas au coton et à l’UNPC B par obligation mais parce qu’ils savent que le coton est un investissement rentable.
A mon avis, la critique n’est pas mauvaise en soit. Je sais qu’un homme qui n’a pas de valeur, et qui veut s’en donner, s’attaque à un homme ou à une structure d’importance dans le secret espoir que cela le rende lui aussi important.
Dans ce sens, je pense que si l’UNPC B, préoccupée par sa lutte, permet à ce que celui qui le critique soit plus visible, et bien c’est tant mieux.
Mais je pense qu’il serait encore mieux que dans des pays en voie de développement, la compétition à mieux faire que l’autre prime sur les critiques qui n’apportent rien aux populations.
Loin de moi l’idée de faire l’éloge de l’UNPC B ; nous avons tout simplement profité de la liberté d’organisation et d’entreprendre au Burkina Faso et nous avons plutà´t besoin de la compétition à mieux faire.
Il arrive qu’en Afrique, une organisation qui a un niveau de collaboration avec le pouvoir public soit critiquée parce qu’on le dit à la merci de ce pouvoir.
Alors qu’en confidence, des amis de la France (je cite ce pays parce que c’est celui de l’Europe que je connais le plus) m’ont dit que pour nommer le Ministre de l’agriculture, le gouvernement français consultent les organisations de valeur comme la FNSEA, SOFIPROTEOL.
Si cela est vrai, pourquoi la collaboration de l’UNPC B et de son gouvernement ne serait pas normale ?
Je sais également que certains partenaires veulent le type d’attaques inutiles que j’ai décris plus haut. Ils n’aiment que les structures et personnes facile à manipuler.
Un adage de chez nous dit : « il existe des personnes qui n’aiment pécher que dans l’eau troublée ». Ces partenaires ressemblent à ces personnes de l’adage.
Par le biais de prétendus soutiens, ils cherchent à bloquer ceux qui avancent !
Il n’est pas évident de pouvoir bloquer l’UNPC B ; simplement à cause des activités productives que nous menons et de la qualité des partenaires qui croient en nous.
Pire, arriver à bloquer l’UNPC B serait une grande perte pour le monde du coton, et surtout l’économie du Burkina va en pà¢tir.
Je profite de ces lignes pour inviter les bonnes volontés à continuer à positiver à travers leurs actions car la négativité n’est pas humaine.
La vraie mondialisation a uniquement besoin de gens qui donnent de bons exemples, qui contribuent effectivement à la lutte contre la pauvreté, au progrès de la cause humaine, à l’instauration d’un esprit positif dans les groupes.
Bobo Dioulasso le 16 février 2009
TRAORE François
Président de l’UNPC B