Le Brésilien Roberto Azevàªdo succédera, le 1er septembre, à Pascal Lamy à la tàªte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il aura la rude tà¢che de faire redémarrer cette institution indispensable à la régulation de la mondialisation.
L’OMC est l’organisme multilatéral le plus représentatif et égalitaire puisqu’il faut l’unanimité de ses 159 Etats membres pour qu’un texte ait force de loi : la Jamaà¯que y pèse autant que l’Union européenne. C’est aussi l’un des plus puissants, car son organe de règlement des différends condamne les Etats-Unis comme les Philippines pour le non-respect des règles de la concurrence.
Depuis sa création en 1994, l’OMC ne décide rien : elle applique. Jugé en Europe et en Amérique coupable des délocalisations et des suppressions d’emplois, le libre-échange des marchandises qu’elle a mission de défendre a permis l’essor des pays émergents et tiré de la pauvreté des centaines de millions d’hommes.
Mais l’OMC est en crise. Depuis 2001, elle ne parvient pas à conclure la négociation du Cycle de Doha destinée à faire profiter le monde en développement d’un commerce mondial contrà´lé jusque-là par les pays industriels. La raison de cet échec tient à la nouvelle donne géopolitique.
Les pays riches ne veulent plus octroyer sans contrepartie des avantages commerciaux aux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qu’ils jugent ultra-compétitifs et assez développés pour affronter la màªme concurrence qu’eux. Les grands émergents font valoir leur développement toujours insuffisant et veulent des exceptions pour protéger leurs secteurs fragiles.
Le futur patron de l’OMC devra la tirer de cette paralysie, car l’affaiblissement qui résulterait de sa persistance signifierait le retour de pratiques commerciales léonines imposées par les plus forts, mais aussi un regain de protectionnisme, menaçant pour la croissance mondiale.
Il lui faudra expliquer aux Etats membres que leur démarche ne peut plus àªtre seulement mercantile, que les prix bas ne font pas forcément le bonheur des peuples, mais qu’ils doivent intégrer dans leurs négociations la lutte contre le réchauffement climatique, la protection d’un travail décent, la sécurité alimentaire et la rationalisation des chaàînes de production.
D’un cà´té, la situation est limpide : le conteneur et Internet ont abaissé formidablement les coûts du transport et mondialisé les échanges. On ne reviendra pas en arrière. De l’autre, la complexité des dossiers et l’inflation du nombre des acteurs exigent que l’on réexamine la façon de négocier (à 159 ou par petits groupes ?) et de conclure (à l’unanimité ou non ?).
Il faut réussir cette réforme, afin que le jeu subtil du donnant-donnant qui se pratique à l’OMC contribue à répartir les fruits de l’industrie, de l’agriculture et des services le plus rationnellement possible.
* le titre est de la rédaction du site